Généalogie : les variations des noms de famille

Quel généalogiste, historien, fouilleur d’archives ne s’est pas retrouvé un jour confronté à cette question : l’individu désigné par l’acte ou le document étudié est-il le bon ? L’orthographe est différente, les prénoms ne sont pas dans le bon ordre, le nom des parents est approximatif… Dans mon cas, 3 des 4 branches principales de mon arbre sont soumises à des variations orthographiques. Il faut alors déduire, recouper et parfois faire le pari d’intégrer ce nouvel individu dans ses recherches.

En France, l’orthographe des patronymes commence véritablement à se fixer en 1877 avec l’institution du livret de famille. Avant cette date, il est donc illusoire de se fier à l’orthographe pour repérer branches familiales ou individus.

Pourquoi ces variations ?

En premier lieu, parce que la langue évolue et que la « normalisation » de l’orthographe ne date vraiment que du 19ème siècle. A cela, s’ajoute la question de la maîtrise de la lecture et de l’écriture : les prêtres puis les agents municipaux responsables des registres d’état-civil n’étaient pas forcément lettrés et les déclarants pas toujours en mesure d’épeler ou d’orthographier correctement leurs noms et donc de vérifier les registres.

Ajoutons à cela les déformations de sons dues aux accents, aux prononciations locales, aux patois et la non-maîtrise – bien naturelle – de la langue française des étrangers ou des ressortissants des colonies françaises… et vous arrivez à des résultats parfois étonnants. 

Un cas pratique

Source : registres matricules des Archives Nationales d’Outre-Mer

Ces deux-là sont bien frères, issus des mêmes parents (notez la transcription de leurs noms et prénoms : cela commence bien !). L’acte de naissance de l’aîné est au nom de Monios. Ses parents sont arrivés d’Espagne depuis peu et vivent dans un petit village d’Algérie où les structures administratives sont balbutiantes. L’année précédente, lors de leur mariage, ils affirment ne pas savoir signer (donc écrire) mais comprendre le français. Il est fort à parier que l’officier d’état-civil ayant enregistré la naissance de José a inscrit le nom de famille comme il l’a entendu en « francisant » la prononciation espagnole de Muñoz soit Monios.

Le reste de la fratrie hérite par contre d’une orthographe correcte : les parents parlent mieux français, les naissances ont lieu dans une grande ville où la communauté espagnole est importante : les agents municipaux sont probablement plus familiers des noms espagnols.

Aujourd’hui, les descendants de José s’appellent toujours Monios, ceux de Jean ont perdu la tilde et sont des Munoz.

Un petit conseil : n’hésitez pas à prononcer à voix haute – avec l’accent si vous le pouvez – le patronyme pour savoir s’il est possible de le rattacher à la famille que vous étudiez… et essayez toutes les orthographes qui vous passent par la tête !

Pour aller plus loin :

  • En France, depuis la loi du 4 mars 2002 entrée en vigueur le 1er janvier 2005, le nom n’est plus « patronymique » (du latin pater : père) mais « de famille » car les enfants peuvent désormais porter le nom de leur père, de leur mère ou une combinaison des deux.  
  • La vidéo de l’excellente chaîne YouTube Généalogie Archives & Culture
  • L’article Wikipédia sur les noms de famille en France

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